MONUMENT AUX MORTS

Monument aux de Morts Gentioux-Pigerolles

Le contexte
Onze mille Poilus creusois ne sont jamais revenus de la Grande Guerre, soit 20 % des mobilisés, un taux beaucoup plus élevé que la moyenne nationale.
Le maire de Gentioux, Jules Coutaud, jauressien, qui revenait lui-même du front, proposa comme monument aux morts un orphelin de bronze désignant la liste des morts et l’apostrophe « Maudite soit la guerre ». Le projet fut adopté par le conseil municipal le 19 janvier 1922.

L’édifice
D’après un modèle en bois dessiné par le conseiller municipal Duburgt, il est réalisé en 1923 par des artisans : Jules Pollachi, sculpteur, Edmond Guichard, fondeur et Emile Eglizeaud, maçon-entrepreneur qui construira l’ensemble du monument.
Le monument aux morts est placé sur la place du bourg, ancien champ de foire, au croisement de la route départementale 992, qui relie Felletin et Eymoutiers et de la route départementale 8 qui relie Bourganeuf à La Courtine. Il est situé devant le bâtiment qui abrite l’école et la mairie.
Il repose sur un socle de 3 marches et a la forme d’un obélisque tronqué. Sur sa face principale, la liste des morts mentionne 63 noms, elle est précédée de la mention « nos chers enfants », que surmontent deux palmes entrecroisées, entourant une couronne de feuillage dans laquelle s’inscrit une fleur. Les palmes et la couronne sont habituellement des attributs de la victoire mais sur un tel monument, elles sont marque de deuil.
L’apostrophe « Maudite soit la guerre » est mise en évidence par le poing levé d’un orphelin, habillé d’un sarrau, blouse d‘écolier boutonnée dans le dos, agrémenté sous le col d’un ruban noué façon lavallière et chaussé de sabots. Il tient une casquette dans sa main gauche. La volonté de présenter ainsi l’enfant souligne l’enracinement et le caractère régional donné souvent aux statues qui ornent les monuments aux morts.
Côté nord, une plaque a été ajoutée pour commémorer les morts de la Seconde Guerre Mondiale et qui porte les inscriptions suivantes : « Nos chers enfants, morts à la guerre 1939-1945 » et « Morts au maquis », les deux étant suivies de 3 noms.

Actualité
Cet ouvrage constitue un véritable repère sur la place principale du bourg et fait partie de la dizaine de monuments d’inspiration pacifiste recensés en France.
Il semble donc qu’en Limousin, le plateau de Millevaches et ses alentours aient été une région plus particulièrement sensible au pacifisme comme l’illustre le monument de Gentioux. Jamais inauguré par l’Etat et longtemps exclu des cérémonies officielles, ce n’est qu’en 1985, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle gendarmerie, que le préfet du département a salué le monument.
Sa valeur historique a été reconnue par son inscription à l’inventaire des Monuments Historiques par arrêté du 9 février 1990.

Maîtres d’œuvre : Jules Coutaud, Jean Duburgt  Sculpteur : Jules Pollachi  Fondeur : Edmond Guichard Entrepreneur : Émile Églizeaud

Sources : Dossier de recensement DRAC ; Base Mérimé