HISTOIRE GÉNÉRALE
La commune de Gentioux-Pigerolles couvre presque 80km² et se positionne ainsi comme la plus vaste du département de la Creuse, elle tient son nom de ses deux bourgs : Gentioux et Pigerolles.
Sous l’Ancien Régime, Gentioux, Pigerolles et même le village de Pallier, constituaient autant de paroisses. Ceci explique qu’aujourd’hui encore la commune ne compte pas une mais trois églises ! A la Révolution française la paroisse de Pallier ne fût que très rapidement transformée en commune entre 1789 et avant 1794, puis fût rattachée à la commune de Gentioux. Toutefois c’est seulement en 1972, à l’occasion d’une réforme territoriale, que Gentioux et Pigerolles firent le choix de s’associer pour former la commune actuelle. L’association de deux communes ne signifie par leur fusion comme c’est aujourd’hui le cas pour les communes dites « communes nouvelles ». C’est pourquoi le conseil municipal compte aujourd’hui un maire délégué de Pigerolles, que la commune compte deux bureaux de vote et qu’elle dispose d’une mairie annexe où se déroule une partie des conseils municipaux.
L’histoire de Gentioux et de Pigerolles trouve ses origines au XIIe siècle, quand des religieux fondèrent d’abord à Pigerolles puis à Gentioux, deux églises d’architecture romane. Ces deux édifices ancrant dans le paysage des villages qui se développèrent, rejoints au XIIIe siècle par l’église de Pallier. L’ordre religieux et militaire des Templiers s’installe dans ce coin du plateau de Millevaches en cette période de la seconde moitié du XIIe et du début du XIIIe siècle. Ils contribuent fortement au développement de ce territoire, situé alors à l’extrême sud du comté de la Marche (devenu ensuite en grande partie le département de la Creuse). En 1307, les Templiers sont arrêtés partout en France et leurs biens sont par la suite confiés aux Hospitaliers, ces moines-soldats qui demeureront d’importants propriétaires à Gentioux et Pallier jusqu’à la Révolution française.
C’est au cours de la seconde moitié du XIXe siècle que vont apparaître beaucoup des maisons en pierres de taille que vous croiserez en vous promenant dans nos villages. Cette période de paix relative et de croissance des grandes villes en France apporta au plateau de Millevaches les moyens de ses constructions par un phénomène important : la migration des limousinants. Chaque année, des milliers de tailleurs de pierre, sculpteurs, scieurs de long et autres ouvriers du Bâtiment rejoignent à pied Lyon, Bordeaux et Paris pour y édifier les constructions encore visible aujourd’hui. De retour dans leurs familles, ces ouvriers investissent l’argent gagné lors de ces chantiers titanesques dans l’édification de maisons en pierres, mettant une nouvelle fois à l’œuvre leur savoir-faire dans la dure surface du granite limousin. Certains d’entre eux iront même plus loin que l’architecture en réalisant des sculptures plus complexes, c’est le cas à Gentioux de Jean Cacaud (1827 – 1900) dont les tombes de la famille s’ornent de figures qui rappellent aussi celles que l’on trouve au village de Masgot. Plus monumentale, la statue érigée en 1901 en l’honneur de Notre-Dame-du-Bâtiment, a ainsi veillé sur les derniers ouvriers partis de ces confins de la Creuse vers les grandes villes au début du siècle dernier.
Mais si vous recherchez « Gentioux – Pigerolles » sur internet de nos jours, ce n’est pas sur les églises ou les maçons de la Creuse que vous pourrez lire des articles : c’est sur le monument aux morts de la commune.
En effet, en 1918, onze mille Creusois ne revinrent pas des tranchées, soit un homme sur cinq. Une saignée deux fois plus importante qu’à l’échelle nationale ! Beaucoup de ses hommes étaient de conditions modestes, une voie toute tracée vers l’infanterie et le front. Alors que partout en France s’élevaient des monuments aux morts célébrant la victoire, rendant hommage aux morts et à la patrie, le conseil municipal de Gentioux, autour de son maire ancien combattant Jules Coutaud, fit le choix d’un monument atypique. Un monument où un orphelin brandit le poing vers une inscription, aujourd’hui inscrite aux monuments historiques : « Maudite soit la guerre ». Ce cri de rage ne fut pas du goût des autorités qui jamais ne vinrent inaugurer officiellement le monument, mais chaque 11 novembre c’est à Gentioux que des centaines de militants d’organisations pacifistes et antimilitaristes viennent renouveler, années après années, leurs messages en faveur de la paix et du silence des armes.
Les environs de Gentioux-Pigerolles sont par ailleurs marqués par le lac de Vassivière, mis en eau en 1951 et enrichi d’aménagements touristiques au cours du XXe siècle, les paysages boisés et les tourbières du Plateau de Millevaches et la richesse du savoir-faire des lissiers et teinturiers d’Aubusson et de Felletin.